Trêve de fantaisie

Oui, parce que au départ, j’avais envie de parler de ce que tout le monde mange aujourd’hui (et les quelques jours précédents et suivants), mardi-gras : les fantaisies.
– ….
Si, c’est des beignets, tu vois pas ?
– …
Oui, bon ok, des bugnes, si tu veux.
-…
Non plus ? Des merveilles, alors ? Sinon, des oreillettes, éventuellement.
Puis, finalement, non, je vais raconter autre chose.

J’assiste depuis quelques temps aux séances fort passionnantes d’un séminaire dédié à la BD. Oui, ça existe, c’est ouvert à tous et gratuit et on rencontre des éditeurs, des auteurs, des libraires, même des chercheurs, on cause bande dessinée, quoi.

La dernière séance a été consacrée au travail d’Olivier Jouvray, en tant qu’auteur et éditeur de La Revue Dessinée.

J’ai découvert un raconteur d’histoire captivant, il a livré en quelques heures les grands traits de son parcours perso et pro, et m’a surtout donné envie de lire plus en détails cette fameuse revue dessinée (talent de bonimenteur !).

Il s’agit de documentaires, d’enquêtes ou de reportages qui sont réalisés non pas en vidéo ou en audio, mais sous la forme de bande dessinée. Le premier numéro est sorti à l’automne 2013, le second en hiver et le prochain paraîtra mi-mars.

Environ 220 pages à chaque fois, aux dimensions d’une tablette numérique dont les créateurs sont connus pour avoir un excellent sens du design, et 3 mois pour les lire.

Les 2 premiers numéros de La Revue Dessinée

Selon Olivier Jouvray, pourquoi le dessin a un aspect magique ? Parce qu’on capte et on observe *vraiment* pour dessiner. Il s’agit pour lui d’un artifice qui rend *vivant* les êtres humains. Car on n’existe que par les autres, qui confirment notre existence. Or, le dessin valide cette existence, par le biais des portraits par exemple.
Le reportage en BD donnerait donc une forme de validité à ce qu’on raconte : on « y croit plus » quand c’est dessiné que quand c’est filmé ou pris en photo. Pas au sens de la « Vérité », mais au sens « sans trucage » : celui qui regarde le dessin sait déjà, parce que c’est un dessin, la subjectivité de l’auteur. Elle est implicite. La BD présente également un autre intérêt, essentiel : on peut reconstituer les choses qu’on n’a pas vues mais qui sont rapportées.

Alors effectivement, pourquoi ne pas « regarder » un documentaire en BD ?

PS : je n’ai aucune part dans l’entreprise… 😉