Archives de catégorie : note de lecture

Parfaitement accordé

J’imagine que ça a déjà dû vous arriver de lire une phrase et de penser « mais oui ! Exactement ! ». Tout pareil que dans votre tête, mais en dehors, inscrit en toutes lettres. Ou encore, en lisant, sentir une sorte de satisfaction neuronale, une vibration, l’impression d’être parfaitement accordé à ce que vos yeux sont en train de parcourir ?

Bref, je relisais ces jours derniers Le Ciel t’aidera de Sylvie Testud, que j’avais déjà lu mais totalement oublié en l’espace de 9 ans (pas de commentaires désobligeants, merci )

Et j’ai eu cette impression le « mais oui ! » en lisant ceci :

« Dès que quelqu’un commence par « Je me permets de… Je me suis permis de… », on peut être sûr que la suite va être parfaitement déplaisante. Cette fausse précaution a été inventée pour que celui qu’on importune soit obligé d’accepter sans broncher, sous peine de passer pour un salaud. »

Je me fais parfois la réflexion à propos du contenu des emails… Il m’arrive d’avoir le réflexe de démarrer par cette formule. Puis, je me ravise en me disant « T’es gonflée, de te permettre là, comme ça… En même temps, ton interlocuteur t’a rien permis du tout, lui, donc en gros tu lui demandes même pas son avis, quoi… » Ceci dit, je l’ai sans doute déjà utilisée….

Du coup, ça m’a rappelé l’excellent moment que j’ai passé à dévorer La vie devant soi, de Romain Gary. Je n’avais jamais ressenti autant la vibration dont je vous ai parlé plus haut. On a envie de noter sur un bout de papier quasiment chaque phrase qu’on lit…
Ce roman a été publié en 1975, une année exceptionnelle, à ce qu’il paraît, donc finalement ce n’est pas très étonnant…

Je ne peux pas reproduire le livre en entier sous peine de tas de malheurs juridiques, mais voici quelques-uns des morceaux « d’accord parfait » :

« Je crois que c’est les injustes qui dorment le mieux, parce qu’ils s’en foutent, alors que les justes ne peuvent pas fermer l’œil et se font du mauvais sang pour tout. Autrement ils seraient pas justes. »

« […] et puis l’auteur de tes jours n’a plus donné signe de vie. Le seul signe de vie qu’il a donné, c’est toi […] »

« Ça venait de l’intérieur et c’est là que c’est le plus mauvais. Quand ça vient de l’extérieur à coups de pied au cul, on peut foutre le camp. Mais de l’intérieur c’est pas possible. »

« Mais je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie »

La gentillesse

Aujourd’hui serait, paraît-il, la journée de la gentillesse, du « softpower »…
– Encore une « journée de » (me direz-vous)
– On peut effectivement discuter de ça, mais non, je préfère parler de la gentillesse, m’en voulez pas ? (vous répondrai-je)

Je trouve intéressante la proposition d’Emmanuel Jaffelin, synthétisée dans la vidéo ci-dessous. Dans son ouvrage Éloge de la gentillesse, paru en 2010, l’auteur plaide pour une nouvelle éthique, qu’il qualifie de « vertu mineure », qui a l’avantage de ne pas être culpabilisante. D’après lui, « la gentillesse est une vertu systémique qui anoblit la personne par ces petits gestes que les méchants et cyniques tournent en dérision pour se masquer à eux-mêmes leur impuissance! » Voyez plutôt :

Une proposition que je rapproche de celle d’un autre philosophe, Michel Lacroix, qui, lui, plaide pour une éthique du langage, dans un ouvrage paru également en 2010 et intitulé Paroles toxiques, paroles bienfaisantes, sur lequel j’ai déjà écrit quelques mots.

Pour revenir à Emmanuel Jaffelin, intriguée par son « Apologie de la punition », parue en 2014, j’ai trouvé particulièrement intéressant cet extrait d’émission radio, dans lequel on comprend mieux ce que ce titre recouvre, car comme le dit en introduction l’animatrice : de la gentillesse à la punition, que s’est-il passé ? Écoutez (les 29 premières minutes) :

Ce qui m’amène à justifier pleinement, du coup, l’emploi régulier de la fameuse expression Eh ben t’auras qu’une petite claque, ha !

Dans la tête d’un pickpocket japonais

En voilà une belle surprise ! Etre totalement happé par un livre, ça n’arrive pas si souvent.

Pickpocket - Fuminori Nakamura

Vous trouverez sur le web et dans la presse des tas de compte-rendus de Pickpocket, ce roman écrit par Fuminori Nakamura et traduit en français par Myriam Dartois-Ako.

Je ne me risquerai donc pas à une tentative d’envolée lyrique à son sujet.

Ce que je peux vous dire en revanche, c’est que très peu de romans m’ont touchée et plu à ce point, du début à la fin. Une fin d’ailleurs particulièrement magistrale (et c’est plutôt rare…).

Mieux vaut en savoir le moins possible sur le contenu même du roman et se garder la surprise pour la lecture, donc je ne vous dirai rien de l’intrigue, hormis que vous serez dans la tête d’un pickpocket japonais, qui opère à Tokyo.

Il est sorti en 2009 au Japon, a reçu le prix Kenzaburô ôe en 2010, est sorti en 2013 puis en poche en 2015 pour la France (donc je l’ai lu en poche, oui).

Vous hésitez encore ? Quelques indices pour vous décider : je ne suis pas particulièrement fan de la littérature japonaise, que j’ai du mal à apprécier, notamment celle de Murakami. J’adore les bons polars. J’ai beaucoup de plaisir à lire un style particulièrement fin, singulier et un peu poétique.

Allez, hop, direction votre libraire préféré !!!
Dites-moi ce que vous en avez pensé dès votre lecture terminée 😉

La chronique…

Je ne connaissais pas du tout.

Un jour je reçois un lien sur cette vidéo : La méditation
Je me dis, bon ok, encore un truc louche transcendantal…

Et j’ai ri.

J’ai exploré et trouvé des trucs comme : Attention, derrière toi…un bobo!!

Ou comme : Loi IVG : les ovaires du courage ?

Et j’ai ri.

Résultat : je suis abonnée au flux RSS pour ne plus rien louper de ces incontournables chroniques de Nicole Ferroni 😉

Comme ça parfois je ris, c’est garanti 🙂

En panne de livres ?

Il y a quelques temps déjà, j’ai découvert ce blog, Liseuses de Bordeaux, dont l’adresse m’avait été soufflée… Hop, aussitôt inscrite pour recevoir les nouvelles infos (que je ne lis pas toujours, faute de temps), j’ai trouvé la formule stimulante, et l’écriture plutôt agréable…

Liseuses de Bordeaux

Des billets passionnés, qui donnent (ou non) envie de lire, en offrant un avant-goût singulier d’un ouvrage récemment lu par l’une des Liseuses de Bordeaux, voilà en gros le principe…

Mais on y trouve d’autres choses… Car elles interviewent, aussi ! Elles ont la chance de rencontrer certains des auteurs qu’elles ont lus, à l’occasion d’événements auxquels elles participent.

Et puis, il faut le dire, elles ont fait les choses bien : 5 voies différentes sont proposées pour parcourir le blog et choisir sa prochaine lecture !
Bien entendu, on peut comme avec la plupart des blogs, naviguer par des mots-clés, mais il est également possible de s’aventurer en fonction du genre littéraire, du type de reportage qu’elles ont réalisé, des médias dont elles causent, et surtout des auteurs à propos desquels elles ont écrit !

Si avec tout ça, vous ne trouvez pas vos prochaines lectures…

Trêve de fantaisie

Oui, parce que au départ, j’avais envie de parler de ce que tout le monde mange aujourd’hui (et les quelques jours précédents et suivants), mardi-gras : les fantaisies.
– ….
Si, c’est des beignets, tu vois pas ?
– …
Oui, bon ok, des bugnes, si tu veux.
-…
Non plus ? Des merveilles, alors ? Sinon, des oreillettes, éventuellement.
Puis, finalement, non, je vais raconter autre chose.

J’assiste depuis quelques temps aux séances fort passionnantes d’un séminaire dédié à la BD. Oui, ça existe, c’est ouvert à tous et gratuit et on rencontre des éditeurs, des auteurs, des libraires, même des chercheurs, on cause bande dessinée, quoi.

La dernière séance a été consacrée au travail d’Olivier Jouvray, en tant qu’auteur et éditeur de La Revue Dessinée.

J’ai découvert un raconteur d’histoire captivant, il a livré en quelques heures les grands traits de son parcours perso et pro, et m’a surtout donné envie de lire plus en détails cette fameuse revue dessinée (talent de bonimenteur !).

Il s’agit de documentaires, d’enquêtes ou de reportages qui sont réalisés non pas en vidéo ou en audio, mais sous la forme de bande dessinée. Le premier numéro est sorti à l’automne 2013, le second en hiver et le prochain paraîtra mi-mars.

Environ 220 pages à chaque fois, aux dimensions d’une tablette numérique dont les créateurs sont connus pour avoir un excellent sens du design, et 3 mois pour les lire.

Les 2 premiers numéros de La Revue Dessinée

Selon Olivier Jouvray, pourquoi le dessin a un aspect magique ? Parce qu’on capte et on observe *vraiment* pour dessiner. Il s’agit pour lui d’un artifice qui rend *vivant* les êtres humains. Car on n’existe que par les autres, qui confirment notre existence. Or, le dessin valide cette existence, par le biais des portraits par exemple.
Le reportage en BD donnerait donc une forme de validité à ce qu’on raconte : on « y croit plus » quand c’est dessiné que quand c’est filmé ou pris en photo. Pas au sens de la « Vérité », mais au sens « sans trucage » : celui qui regarde le dessin sait déjà, parce que c’est un dessin, la subjectivité de l’auteur. Elle est implicite. La BD présente également un autre intérêt, essentiel : on peut reconstituer les choses qu’on n’a pas vues mais qui sont rapportées.

Alors effectivement, pourquoi ne pas « regarder » un documentaire en BD ?

PS : je n’ai aucune part dans l’entreprise… 😉

Bouchées apéritives

Hello !

Un petit mot pour présenter deux romans « dévorés » dernièrement :

Shirobamba de Yasushi Inoué
Il paraît que c’est un roman que tous les Japonais connaissent par coeur.
L’histoire, l’univers, le contexte, les personnages, tout est enchanteur et transporte dans une lecture passionnante où il est impossible de lâcher le livre avant la fin.
Une recommandation de lecture les yeux fermés, une magnifique parenthèse.

Indignation de Philippe Roth
Le livre tient également bien en haleine son lecteur, sans doute grâce à la construction de la narration que j’ai trouvée proche d’une nouvelle. Pas vraiment d’enchantement ni de magnificence, contrairement à Inoué, mais une sorte de suspense qui n’en est pas vraiment un, pourtant. Plongée dans l’Amérique des années 50, difficile à décrire sans dévoiler la trame, il faut donc me faire confiance 😉

Bonne journée !

Note de lecture

Hello !

Je ne sais pas si j’inaugure une nouvelle rubrique ou non…
Billet matinal pour partager avec vous mes impressions sur ma dernière lecture :
Paroles toxiques, paroles bienfaisantes : Pour une Ethique du langage, de Michel Lacroix.
Une analyse très intéressante, qui touche un point qui me semble essentiel et autour duquel ma conversation peut vite glisser tant le sujet me passionne : la fonction du langage.
Environ 140 pages, qui déroulent un argumentaire efficace visant à rétablir l’équilibre entre la parole et l’action dans les questions d’éthique et de morale. La thèse étant que l’homme n’est pas que la somme de ses actes (citant Malraux) mais aussi la somme de ses paroles.
J’ai beaucoup aimé, dans les derniers développements, l’idée d’utiliser « l’arme du langage » en articulant une « parole résistante », l’idée de cultiver une sorte d’art martial du langage.
La conclusion porte fort justement sur la notion d’amitié sociale, à laquelle j’adhère totalement.
Lecture hautement conseillée, donc, vous l’aurez compris !
Bonne journée !

La même heure, quelque part ailleurs – Same time, different place

Voici un projet photo original, il dure jusqu’au 24 juillet, allez vite y faire un tour :

Pendant 24 jours marilia destot (aux Etats-Unis) et angelle (en France) prennent chacune une photo au même moment et la postent sur le blog La même heure, quelque part ailleurs… – Same time, different place… pour mettre leurs photos respectives en vis-à-vis. Pas de thème imposé, seule la simultanéité compte.

Cet échange produit un très beau tableau, dans lequel on est vite absorbé. Enjoy: