Guess what?

Il peut obséder mes pensées
Et si bien me tranquiliser
Irai-je jusqu’à me damner ?
Je ne peux m’imaginer l’oublier
A vie j’y suis attachée
Même s’il peut m’écoeurer
Voire me dégoûter
J’y suis hélas attachée
Et ne peux m’imaginer
D’en être un instant privée !

Z’avez compris quoi ? A vos com’ !
Y a rien à gagner, à part un grand sourire quand je lirai les commentaires 😉

Little Girl Blue

#ActualMood

« And I know you ain’t got no reason to go on
And I know that you feel you must be through
Oh honey go on and sit right back down
I want you to count oh count your fingers
Ah my unhappy, my unlucky, and my little poor girl blue
I know you’re unhappy
Oh ah hon’ I know
Baby I know just how you feel »

Written By Lorenz Hart & Richard Rodgers

Raconte-moi une histoire…

Dans la lignée du fameux « appel du 18 juin » de Framasoft, je fais partie de la « fédération » Mastodon. J’utilise 2 instances, celle de Framasoft et celle de la Quadrature du Net.

Ouh là, zavez rien compris ? Pas grave, j’ai prévu un billet pour expliquer tout ça plus en détails, même s’il y a déjà plein de ressources en ligne à ce propos.

Parmi les trucs bien sympa sur Mastodon, on trouve des événements récurrents, auxquels on peut participer, plus ou moins activement, selon l’envie.

Un des premiers auquel j’ai participé est le #MercrediFiction. Le principe ? Raconter une histoire, tous les mercredis, qui tienne dans un pouet, et qui est signalée avec ce hashtag.

J’y suis pas arrivée : j’ai pas pu raconter une seule histoire. Alors j’ai fait une série, en essayant que chaque mercredi la partie racontée soit une petite histoire dans l’histoire.

Je n’y ai plus participé depuis, mais je lis avec beaucoup de plaisir ce que les autres écrivent, il y a vraiment des perles, concentrées d’imagination !

Voilà l’histoire* que j’ai racontée, petit bout par petit bout :

Me voilà à nouveau dans cette grande ville. Je sens que je ne vais pas l’aimer. Sa gare est couleur triste, les gens ne sont pas avenants, comme les parisiens : des personnes pressées et toujours en colère, m’enfin ! Je traverse le centre commercial, un peu glauque, et je sors sur l’esplanade. Je lève les yeux : le toit de la sortie est très long, emblème des années soixante-dix, poussiéreux c’est peu de le dire, toujours couleur triste, comme la tour vers laquelle je me dirige.

J’ai mal à la tête, j’ai le nez pris et la gorge enrouée, je suis certaine d’avoir de la fièvre. Je me suis mise sur mon trente-et-un : pour une fois je ne suis pas en jeans, tee-shirt et gros pull. Je me suis même un peu maquillée mais pas trop parce que comme je n’ai pas l’habitude, si je me frotte les yeux ou que je me gratte les joues – tout ce que je fais quand je suis en train de parler – ce serait encore plus catastrophique que pas maquillée du tout.

Deux heures de trajet. J’ai relu tous les documents que j’ai emmenés avec moi, essayé de peaufiner mes connaissances sur l’entreprise, ses chiffres, son organisation, ses produits. Les lettres, les chiffres dansaient sous mes yeux et j’avais tellement mal à la tête que je n’ai rien retenu. Le premier entretien, la semaine dernière, s’est bien déroulé, j’ai eu l’impression de bien m’entendre avec la personne en face de moi. On aurait dit qu’on se reconnaissait un peu entre nous.

Qu’est-ce que je fais là, moi ? Mauvaises ondes. Va falloir traverser cet endroit tous les matins, si je suis embauchée ? Personnage de western, j’ai arpenté l’avenue d’une ville fantôme, où le sable tourbillonne et un danger menace à chaque coin de rue, pour enfin atteindre cette tour. Cette fois c’est un homme, je ne comprends pas toujours exactement où il veut en venir, avec ses périphrases pleines de métaphores : au bout du compte je ne sais plus trop de quoi il est question.

Je ne peux m’empêcher de lui trouver un air de Mr Bean. J’ai souvent envie de lui demander quelle était sa question, je réponds un peu sur le même mode et on dirait que ça fonctionne pas trop mal. Il m’embrume le cerveau, encore plus que la fièvre, j’ai du mal à le suivre. Je me dédouble et je regarde la scène, je me vois parler, discuter, sourire (un peu congestionnée), faire des moulinets avec mes mains, hausser les sourcils. Je semble avoir un dialogue constructif avec lui.

La fièvre monte encore, je vais finir par délirer, il faudrait que l’entretien se termine bientôt. Tout le monde est tellement ravi pour moi : tous me disent que que je vais y arriver, à les convaincre de me prendre dans leur équipe. C’est devenu un challenge : je dois réussir pour démontrer ma valeur, non plus pour obtenir cet emploi. Détestant l’échec, je mets tout en œuvre pour gagner le trophée. Question d’honneur : inconcevable de revenir avec une mauvaise nouvelle.

J’ose pas leur dire, aux enthousiastes : je suis en panique interne. Je vais devoir me déplacer en permanence en France, en Europe, voire même plus loin, et ça ne choque personne… Je n’ai jamais pris ni taxi ni avion de ma vie, faire ma valise me demande trois jours d’anticipation et je conduis très peu (et très mal). Là, je vais habiter une ville qui ne me plaît pas, traverser un désert de western pour aller bosser, prendre l’avion, le train, des voitures inconnues !

Je suis en nage, je délire et apparemment je lui conviens. Je vais pouvoir brandir mon contrat à durée indéterminé devant l’équipe d’euphoriques… Le « précieux » , la cible ultime, le sésame pour une existence sociale… J’ai triomphé de Mister Bean ! Un succès !… Vraiment ? Alors pourquoi j’étouffe en dedans ?
Épilogue
« On peut aussi bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin. »
(Johann Wolfgang von Goethe)

*Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Bibliothèque du siècle dernier… Encore quelques perles

Allez, je reprends la rubrique de la bibliothèque du siècle dernier

Le Savoir-Vivre et les Usages du Monde par Berthe Bernage, 1928
Le Savoir-Vivre et les Usages du Monde

La vie d’affaires – Pour les femmes

On commence avec une petite claque pour ces dames :

« État d’esprit.La femme qui a un métier d’homme doit adopter dans une certaine mesure l’état d’esprit des hommes. Elle doit travailler avec exactitude, sérieux et méthode. »

Sont trop forts les hommes, franchement… bravo !

« Attitude envers les chefs. – Qui a droit au respect, la femme employée ou ses chefs ? Ceux-ci, comme chefs, ont droit à la déférence, à la docilité. Celle-là, comme femme, a toujours droit qu’on la traite avec courtoisie. »

Chefs versus Femme… Voilà, voilà… Sur le même plan.

Allez, un petit dernier pour terminer dans la bonne humeur :

« La femme qui travaille doit maîtriser sa susceptibilité, s’attendre à recevoir des ordres et être décidée à les suivre ponctuellement. »

Ah la la, ces hystériques, je te jure… Sont susceptibles en plus 😉

Extrait de Le Savoir-Vivre et les Usages du Monde par Berthe Bernage, 1928.

Bonne journée !

Parfaitement accordé

J’imagine que ça a déjà dû vous arriver de lire une phrase et de penser « mais oui ! Exactement ! ». Tout pareil que dans votre tête, mais en dehors, inscrit en toutes lettres. Ou encore, en lisant, sentir une sorte de satisfaction neuronale, une vibration, l’impression d’être parfaitement accordé à ce que vos yeux sont en train de parcourir ?

Bref, je relisais ces jours derniers Le Ciel t’aidera de Sylvie Testud, que j’avais déjà lu mais totalement oublié en l’espace de 9 ans (pas de commentaires désobligeants, merci )

Et j’ai eu cette impression le « mais oui ! » en lisant ceci :

« Dès que quelqu’un commence par « Je me permets de… Je me suis permis de… », on peut être sûr que la suite va être parfaitement déplaisante. Cette fausse précaution a été inventée pour que celui qu’on importune soit obligé d’accepter sans broncher, sous peine de passer pour un salaud. »

Je me fais parfois la réflexion à propos du contenu des emails… Il m’arrive d’avoir le réflexe de démarrer par cette formule. Puis, je me ravise en me disant « T’es gonflée, de te permettre là, comme ça… En même temps, ton interlocuteur t’a rien permis du tout, lui, donc en gros tu lui demandes même pas son avis, quoi… » Ceci dit, je l’ai sans doute déjà utilisée….

Du coup, ça m’a rappelé l’excellent moment que j’ai passé à dévorer La vie devant soi, de Romain Gary. Je n’avais jamais ressenti autant la vibration dont je vous ai parlé plus haut. On a envie de noter sur un bout de papier quasiment chaque phrase qu’on lit…
Ce roman a été publié en 1975, une année exceptionnelle, à ce qu’il paraît, donc finalement ce n’est pas très étonnant…

Je ne peux pas reproduire le livre en entier sous peine de tas de malheurs juridiques, mais voici quelques-uns des morceaux « d’accord parfait » :

« Je crois que c’est les injustes qui dorment le mieux, parce qu’ils s’en foutent, alors que les justes ne peuvent pas fermer l’œil et se font du mauvais sang pour tout. Autrement ils seraient pas justes. »

« […] et puis l’auteur de tes jours n’a plus donné signe de vie. Le seul signe de vie qu’il a donné, c’est toi […] »

« Ça venait de l’intérieur et c’est là que c’est le plus mauvais. Quand ça vient de l’extérieur à coups de pied au cul, on peut foutre le camp. Mais de l’intérieur c’est pas possible. »

« Mais je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie »

La gentillesse

Aujourd’hui serait, paraît-il, la journée de la gentillesse, du « softpower »…
– Encore une « journée de » (me direz-vous)
– On peut effectivement discuter de ça, mais non, je préfère parler de la gentillesse, m’en voulez pas ? (vous répondrai-je)

Je trouve intéressante la proposition d’Emmanuel Jaffelin, synthétisée dans la vidéo ci-dessous. Dans son ouvrage Éloge de la gentillesse, paru en 2010, l’auteur plaide pour une nouvelle éthique, qu’il qualifie de « vertu mineure », qui a l’avantage de ne pas être culpabilisante. D’après lui, « la gentillesse est une vertu systémique qui anoblit la personne par ces petits gestes que les méchants et cyniques tournent en dérision pour se masquer à eux-mêmes leur impuissance! » Voyez plutôt :

Une proposition que je rapproche de celle d’un autre philosophe, Michel Lacroix, qui, lui, plaide pour une éthique du langage, dans un ouvrage paru également en 2010 et intitulé Paroles toxiques, paroles bienfaisantes, sur lequel j’ai déjà écrit quelques mots.

Pour revenir à Emmanuel Jaffelin, intriguée par son « Apologie de la punition », parue en 2014, j’ai trouvé particulièrement intéressant cet extrait d’émission radio, dans lequel on comprend mieux ce que ce titre recouvre, car comme le dit en introduction l’animatrice : de la gentillesse à la punition, que s’est-il passé ? Écoutez (les 29 premières minutes) :

Ce qui m’amène à justifier pleinement, du coup, l’emploi régulier de la fameuse expression Eh ben t’auras qu’une petite claque, ha !

Toile du 28 septembre 2015

Issue des liens publiés sur Twitter, la sélection du jour :

– Elle me fait toujours autant rire, c’est pas bien ragoûtant j’en conviens volontiers, mais on apprend plein de trucs en se marrant : Jeudi, c’est placentologie

– Ah ben là aussi j’ai appris plein de trucs, en me marrant parfois aussi, je reconnais, même si c’est pas beau de se moquer : Parcourir le monde pour photographier les sports les plus étranges

– De belles photos comme j’aime, de nature sauvage, sauf que là en plus il y a une histoire un peu hors du commun : Une amitié incroyable entre un loup et un ours révélée par un photographe

– Elle est pas mimi cette photo de famille ? Family photo…

– Une image toute joyeuse : Let the sun shine

– Un chouette projet photographique, avec un résultat saisissant : 365 jours, 365 portraits dans les rues de Paris

C’est tout pour aujourd’hui… Et c’est déjà pas mal !

De métal et de verre

Au détour d’un article, en baguenaudant tranquillement, j’ai découvert un instrument surprenant. Je ne connaissais pas du tout ni ses inventeurs, ni son histoire.

En revanche je connais un tout petit peu Erik Satie (enfin, pour être précise : j’apprécie certaines de ses oeuvres).

J’ai d’abord trouvé cette vidéo, d’une interprétation singulière de Gnossienne n°1 :

Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Ou comment passer des heures à se perdre dans les tréfonds du web…

Pour ceux qui ne connaissaient pas non plus, je vous présente donc le Cristal Baschet, du nom de ses inventeurs.
cristal baschet

En fait il n’y a pas un mais plusieurs « cristal », qui ont été conçus avec le musicien qui en joue, et il ne s’agit pas du seul instrument inventé par les frères Baschet.
L’instrumentarium de l’Ensemble Hope en comprend quelques-uns. Fascinants, non ?

Figurez-vous que le Cristal Baschet est utilisé par des musiciens comme Damon Albarn, Tom Waits ou encore Emilie Simon…

Comme quoi, il fait bon baguenauder, parfois… 😉

Dans la tête d’un pickpocket japonais

En voilà une belle surprise ! Etre totalement happé par un livre, ça n’arrive pas si souvent.

Pickpocket - Fuminori Nakamura

Vous trouverez sur le web et dans la presse des tas de compte-rendus de Pickpocket, ce roman écrit par Fuminori Nakamura et traduit en français par Myriam Dartois-Ako.

Je ne me risquerai donc pas à une tentative d’envolée lyrique à son sujet.

Ce que je peux vous dire en revanche, c’est que très peu de romans m’ont touchée et plu à ce point, du début à la fin. Une fin d’ailleurs particulièrement magistrale (et c’est plutôt rare…).

Mieux vaut en savoir le moins possible sur le contenu même du roman et se garder la surprise pour la lecture, donc je ne vous dirai rien de l’intrigue, hormis que vous serez dans la tête d’un pickpocket japonais, qui opère à Tokyo.

Il est sorti en 2009 au Japon, a reçu le prix Kenzaburô ôe en 2010, est sorti en 2013 puis en poche en 2015 pour la France (donc je l’ai lu en poche, oui).

Vous hésitez encore ? Quelques indices pour vous décider : je ne suis pas particulièrement fan de la littérature japonaise, que j’ai du mal à apprécier, notamment celle de Murakami. J’adore les bons polars. J’ai beaucoup de plaisir à lire un style particulièrement fin, singulier et un peu poétique.

Allez, hop, direction votre libraire préféré !!!
Dites-moi ce que vous en avez pensé dès votre lecture terminée 😉